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Mon bric-à-brac en chocolat
11 février 2009

Pollution au cyanure: le prix de l'or!!!

Reportage. La pollution au cyanure du fleuve qui traverse cinq pays d’Europe centrale et orientale provoque une immense inquiétude. La société australienne propriétaire de la mine Aurul, responsable de l’accident, minimise les conséquences. Le Danube empoisonné

Fin janvier, une société roumaine déversait une centaine de tonnes de cyanure dans les eaux d’une rivière près de la frontière roumano-hongroise. Deux semaines plus tard, les conséquences sont dramatiques : la flore et la faune de plusieurs cours d’eau roumains, hongrois et yougoslaves sont touchées et certains experts crient à la catastrophe écologique.

De notre correspondant

particulier en Roumanie.

Des milliers de poissons morts ramassés sur les rives de la rivière Tisza, en Hongrie : telles sont les informations présentées par les télévisions roumaines ces derniers jours. Des images qui montrent l’ampleur de la catastrophe : dimanche soir, le niveau de cyanure sur la rivière Somes (côté roumain) dépassait encore 40 fois les normes autorisées.

Tout a commencé à Baia Mare (nord du pays) le 31 janvier, lorsque des dizaines de milliers de mètres cubes de cyanure ont été déversés dans les eaux de Somes par la brèche accidentelle d’une digue. La société responsable est Aurul, une mine aurifère roumano-australienne, propriétaire de la digue.

" Ce n’est pas de leur faute, explique Ioan Gheorghe, directeur de l’Agence pour la protection de l’environnement, la brèche est apparue à cause des conditions météo : des chutes de neige abondantes suivi d’un réchauffement rapide. "

En début du mois, les autorités roumaines ont signalé pour la première fois la pollution de la rivière Somes : le 2 février, l’Agence pour la protection de l’environnement rédigeait un rapport où l’on parlait d’un niveau de cyanure dépassant 800 fois les normes autorisées !

" Pourtant, l’on observe peu de poissons morts ", peut-on lire dans le même rapport. Pour faire face à la pollution, les autorités locales ont déversé dans la Somes plusieurs milliers de litres d’hypoclorite (substance qui diminue les effets du cyanure) Mais ce n’est qu’après les signaux d’alarme venus de Budapest et de Belgrade que le premier ministre roumain a exigé l’ouverture d’une enquête concernant la pollution et les activités de la mine aurifère. " Il faut maintenant que la Hongrie fasse une demande officielle de dédommagements ", affirme, pour sa part, le ministre roumain des Affaires étrangères, Petre Roman. ""Catastrophe " ne me semble pas être le terme le plus approprié pour ce qui s’est passé à Baia Mare, affirme le chef de la diplomatie roumaine. Il faut laisser la parole aux experts et à l’enquête. "

De leur côté, les responsables australiens de la société Aurul minimisent l’ampleur de la pollution : " La brèche apparue dans la digue a été vite comblée, explique Phil Evers, de la société incriminée, nous ne pouvons pas croire que les substances déversées puissent provoquer une telle catastrophe. " Le même responsable rejette aussi les accusations selon lesquelles sa société aurait utilisé des substances interdites afin d’extraire l’or.

Pendant ce temps, un dialogue de sourds semble s’être installé entre les spécialistes hongrois et roumains. Tandis que les premiers parlent d’une catastrophe écologique sans précédent et accusent la Roumanie d’en être responsable, ces derniers dédramatisent.

" Certes le niveau de pollution est important, affirme Anton Vlad, secrétaire d’État au ministère roumain de l’Environnement, mais il ne s’agit pas d’une pollution continue. Le pire est passé. Les eaux polluées arriveront dans le Danube mais le danger n’est pas très important car le débit du fleuve est important et les eaux vont se mélanger. " Si du côté hongrois on dit que la flore de la rivière Tisza est endommagée à près de 90 %, du côté roumain on affirme, qu’une fois l’onde de pollution passée, la microflore repousse déjà, ce qui est plutôt bon signe.

À la fin de la semaine, un groupe d’experts roumains s’est déplacé à Szeged (Hongrie), pour vérifier le niveau de pollution du côté hongrois. " La pollution est considérable, affirme Spiridon Ursu, directeur de la régie roumaine des eaux, mais je n’ai pu apprécier le nombre de poissons morts que les autorités hongroises nous ont annoncé. "

Afin de trouver une solution, le ministre hongrois pour la Protection de l’environnement s’est rendu, lundi, à Baia Mare. " Les autorités roumaines ont agi de manière correcte en nous prévenant dés le début de la pollution, affirme Pal Pepo. Il faut maintenant que les experts des deux pays collaborent pour préparer des programmes de dépollution. Il faut aussi que nous unissions nos voix afin d’obtenir des fonds de l’Union européenne. "

La grande question est maintenant de savoir qui va payer la facture, qui risque d’être très élevée. Pour l’instant, les autorités de Bucarest reportent toute la responsabilité sur la société privée Aurul, à qui appartient la digue. Pour leur part, les dirigeants australiens de la société estiment ne pas être en tort, car, seules, disent-ils, des conditions météo très défavorables sont la cause de cette catastrophe.

Luca Niculescu- l'Humanité- 15/02/2000

poisson

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